1. J.N CORVISIER : « D’Ulysse à Alexandre : Entre fiction et réalité, l’origine antique du héros »
Le personnage du héros trouve son origine dans le monde grec antique. Et dans la manière dont Homère les présente, et dans la façon dont ils servirent de modèle, les rois de l’Iliade étaient déjà des héros. Quant à Ulysse, il est bel et bien le premier anti-héros, celui qui refuse l’immortalité et la gloire définitive. Le mythe ainsi créé se développa à la fois dans la réalité et sa perception ultérieure, Alexandre en étant la figure culminante, et dans le roman grec, ancêtre des gestes médiévales et des romans modernes. La référence antique fut prise en compte y compris dans notre région et conserva sa valeur jusqu’au XIXème siècle.
2. J. HEUCLIN : « L’imaginaire des saints et sainteté de l’imaginaire à l’époque médiévale »
Le légendier des saints régionaux offre une variété de récits. Certains sont inspirés des faits et gestes des héros de l’antiquité, c’est le cas de plusieurs martyrs « céphalophores ». Cette sainteté héroïque reste néanmoins exceptionnelle et ce sont surtout des récits d’édification tout au long de la vie qui ont façonnés l’image du saint et de la sainteté. C’est le cas du manteau de saint Martin, de la pérégrination des moines bretons et celtes le long du littoral ou des cycles de saintes de la région d’Hamage et de Maubeuge. Cet imaginaire du saint à donné lieu à des dérives populaires au profit de prophètes-gourous mais a généré également chez les hommes d’Eglise une vision de l’Au-delà avec ses anges et ses démons.
3. J.-L. PARMENTIER : « Un récit héroïque : le roi Olaf Ier de Norvège à la bataille de Svold »
Après une présentation des sagas – textes issus d’une tradition orale et d’une culture classique – et de leurs héros, l’examen porte sur la bataille de Svold (v. 1000) racontée par Snorri Sturluson, prestigieux auteur du XIIIe siècle. Le texte est décrypté pour une compréhension de l’image à transmettre, ce qui permettra de répondre à la question : Olaf Ier est-il conforme au mythe du barbare héros et sanguinaire ?
4. A.-D. KAPFERER : « La légende à l’assaut de l’histoire : Godefroi et les autres héros et héroïnes du Boulonnais et du Ponthieu aux siècles du Moyen Age »
Dans les comtés de Boulogne et de Ponthieu du XIIIe siècle et sur les marges de l’Artois, les héroïnes et les héros de l’Histoire et de l’imaginaire présentent des similitudes : des nefs merveilleuses les acheminent vers d’étonnants destins, leur crigne est toujours d’or (bien que Baudouin de Boulogne, roi de Jérusalem, et Godelaine, la sainte, aient eu les cheveux noirs), l’Islam est présent et respecté (Saladin n’était-il pas l’arrière-petit-fils d’une Picarde ?). Où donc les trouvères de ces comtés ont-ils puisé leur inspiration ? Dans l’Histoire, dans leurs fantasmes créatifs, dans la mémoire dite « collective », dans les attentes de leurs « mécènes » ? Difficile de répondre en vingt minutes…
5. A. VELISSARIOU : « Du lion au dragon. Les « haultes proesses » de Gilles de Chin,
seigneur du Nord et héros populaire »
Seigneur de Berlaimont et de Wasmes, Gilles de Chin mourut en 1137. Au fil du temps, ce chevalier hennuyer est devenu une figure importante de la littérature médiévale, se transformant peu à peu en héros légendaire. Sa biographie chevaleresque nous est parvenue principalement grâce à deux textes : un poème du milieu du XIIIe siècle, écrit par Gautier de Tournai, et une mise en prose anonyme rédigée en Bourgogne à l’époque de Philippe le Bon (XVe siècle). La première partie de cette communication constituera une présentation générale de la vie de ce personnage et de l’appropriation progressive de celle-ci par le folklore de plusieurs localités du Nord. Ensuite, nous nous intéresserons plus particulièrement à la version en prose du texte, dont l’analyse de certaines scènes clés rapportant les exploits de Gilles de Chin permettra de comprendre en quoi consiste à l’époque, selon l’auteur, la fleur de chevalerie.
6. A. GAUTIER : « Richard cœur de Lion et les historiens : héros ou antihéros ? »
Richard Cœur de Lion, roi d'Angleterre (1089-1099) et roi de légende, fut-il un héros chevaleresque, un patriote défenseur des opprimés ou le pire roi que l'Angleterre ait connu ? Les trois images ont coexisté depuis le XVIIIe siècle. Nous tenterons d'expliquer comment elles se sont formées et nous montrerons qu'elles trahissent toutes les trois des préoccupations politiques et idéologiques extérieures aux réalités du XIIe siècle où il vécut.
7. J.-Chr. MACQUET : « Eustache le Moine, l’archipirate magicien »
Nous avons tous, un jour ou l’autre, frémi au rythme des aventures de ce héros légendaire qu’est Robin des Bois. Nous avons tous en mémoire les péripéties de ce personnage qui, au cinéma, a été immortalisé sous les traits de Douglas Fairbank, Errol Flyn, Kevin Costner ou encore Sean Connery et même sous l’aspect d’un renard grâce au génie de Wall Disney. Malheureusement, le hors la loi de la forêt de Sherwood n’est pas français mais anglo-saxon. Il défend d’ailleurs les intérêts des Saxons contre la noblesse normande qui domine l’Angleterre depuis la conquête du pays en 1066 par Guillaume le Bâtard, duc de Normandie. Pourtant, il existe dans l’Histoire de notre pays, dans l’Histoire de notre région, un personnage digne de Robin des Bois dont les exploits n’ont rien à envier à son contemporain d’outre Manche : Eustache le Moine. Tour à tour pèlerin, moine, sénéchal du comte de Boulogne (le redoutable Renaud de Dammartin), bandit de grand chemin, pirate, corsaire, et pour terminer amiral en chef de la flotte française, ce fils d'un nobliau du pays boulonnais connut un destin extraordinaire, des aventures parfois romancées, parfois confirmées par les textes d'époque que je vous propose de découvrir aujourd'hui.
8. I. CLAUZEL : « Je cherche un héros boulonnais »
Les héros boulonnais en vogue à la fin du Moyen Age forment une grande famille diachronique qui s’appuie sur une identité territoriale. Corsaires, princes, géants, vaillants guerriers ou pauvres victimes, ils sont campés les uns après les autres, méritant le salut ou la crainte, voire la réhabilitation par les hommes d’aujourd’hui.
9. E. VANNEUFVILLE : « Portrait type et variantes des héros de Flandre dans le fond légendaire
médiéval et moderne »
Les récits « légendaires », qui « doivent être lus » sans pour autant être obligatoirement acceptés comme l’exacte réalité, concernent les héros de nos Flandres sous les aspects suivants : époque médiévale fondatrice, tant sous les angles géographiques qu’historiques, christianité de la société, guerres et bravoures y attachées, sans oublier, bien sûr, l’omniprésente facétie ni l’éminent rôle joué par nos incontournables Flamandes depuis l’origine de nos contrées jusqu’aux Temps Modernes.
10. B. COUSSEE : « La légende au service de l’héroisation populaire – l’exemple du nord de la France »
Le héros est d’abord un homme ou une femme avant d’être un demi-dieu et accède à ce statut sous l’effet d’une divination post-mortem instrumentalisée par une légende centrée sur sa personne, le plus souvent dans un contexte de deuil public. Les légendes mettent en valeur les aspirations les plus profondes de l’âme humaine, elles servent à transcender la mort en offrant au défunt le droit de continuer sa vie sous une autre forme. Pour accéder au rang de héros, il faut avoir incarné de son vivant certaines valeurs ou idéaux qui seront exaltés post-mortem. Au-delà de la lecture historique des événements existe une perception plus mythique qui nous fait rêver les personnages. La mort prématurée transforme la victime en héros pour peu qu’elle ait réalisé un exploit à l’encontre de son tortionnaire. Il faut parfois gommer l’impact d’une tragédie inimaginable en transformant la victime en héros.
11. A. WALCH : « La femme héroïque au Grand Siècle »
Au XVIIe siècle, nombreuses sont les Galeries de femmes illustres célébrant l'héroïsme au féminin. Ce genre littéraire, qui complète la littérature romanesque, éclipse les querelles antérieures sur les capacités des femmes en matière de courage. A travers des figures historiques, mythologiques et mythiques récurrentes se dégagent des modèles qui jouent un rôle dans l'imaginaire et autorisent de "vraies" héroïnes à mener des actions de valeur. Mais reconnaît-on à ces héroïnes des qualités propres ou leur attribue-t-on celles des hommes ?
12. P. VILLIERS : « Jean Bart, corsaire du roi, roi des corsaires »
Héros de Dunkerque et de la Côte d’Opale, Jean Bart est connu comme corsaire ou pirate bien que ces deux termes n’aient pas la même acception. Né dans une famille de pêcheurs et de corsaires catholiques, embarqué comme mousse à huit ans, il se distingua par son courage dans une course qui restait celle des gagne-petit. Après une série de succès, Jean Bart fut enrôlé comme officier du roi lorsqu’une escadre royale et un arsenal furent installés à Dunkerque. Anobli par Louis XIV, il s’illustra dans la guerre de blocus et devint chef d’escadre. Il mourut de maladie à 52 ans. La mémoire populaire a préféré ses exploits de corsaire à ceux de commandant pourtant plus admirables.
13. X. BONIFACE : « Le « baron Bucaille », du corsaire au héros boulonnais »
Jacques-Oudard Fourmentin, plus célèbre sous son surnom de « baron Bucaille », est un corsaire des guerres de la Révolution et de l’Empire assez bien connu des Boulonnais, qui le considèrent même comme un héros. Que lui vaut une telle notoriété ? Ses faits d’armes, certes fameux, justifient-ils à eux seuls de le qualifier de « héros » ? En effet, d’autres marins boulonnais sans doute tout aussi intrépides n’ont pas accédé à une telle célébrité. À l’inverse, Bucaille n’a pas non plus la réputation de son contemporain, Surcouf, ou d’un Jean Bart, dont les noms dépassent très largement le cadre de leur « petite patrie ». En tout cas, à travers cet exemple local, il s’agira de voir comment se construit, s’entretient et se transmet l’image de héros, avec des temps fort, la période impériale ou la Belle Époque, et des périodes durant lesquelles sa mémoire est moins prégnante.
14.D. TINTILLIER : « Batisse et Zabelle : des héros bien de chez nous »
Le héros peut être un personnage fictif qui évoque un idéal : c’est l’exemple de Batisse et Zabelle géantifiés depuis quatre-vingts ans. Boulogne n’est pas à proprement parler un fief de géants. L’idée naquit au XIXe siècle ; les premières figures de Batisse et Zabelle connurent des vicissitudes au siècle suivant avant de s’imposer en 2003 grâce à quelques bénévoles. Ce couple ordinaire concentre les qualités des ancêtres matelots de la plupart des Boulonnais. Figures emblématiques de Boulogne à l’extérieur et dans la ville, ce sont de bons géants qui permettent d’oublier le quotidien.