L’écriture dans le monde grec (et romain) n’a pas toujours été d’usage courant. Cette constatation amène à s’interroger sur ses origines, donc sur la naissance de l’alphabet, et à comprendre le « pourquoi » de l’écriture : quelles ont été ses justifications politiques, économiques, psychologiques et même magiques ? Ainsi donc se pose la question de savoir qui écrivait. La typologie des écrits transmis directement depuis l’Antiquité montre que, parmi les citoyens ou les étrangers domiciliés, la quasi-totalité devait avoir au moins une pratique minimale de l’écriture. Les analyser permet de comprendre comment matériellement on écrivait : utilisait-on le papyrus, le calame, l’encre de seiche ou de charbon, ou d’autres moyens ? L’épigraphie permet de le percevoir. Mais les textes permettent également de savoir comment on apprenait à lire … et écrire. .
J. HEUCLIN : " La naissance de la minuscule caroline " Ce type d’écriture régulière, ronde, claire et lisible, très proche de notre écriture en script, accompagna la renaissance carolingienne. Elle fut le fruit de changements significatifs dans l’élaboration et la diffusion des savoirs de mieux en mieux organisés depuis l’Antiquité, qui nécessitaient la production d’ouvrages à la fois maniables et faciles à lire. Les textes du II e au VIII e siècle, en écriture calligraphique ou onciale avec des lettres majuscules ou minuscules de grandes dimensions, sans accentuation, séparation de mots et peu de ponctuation disposés en colonnes sur des rouleaux (volumen) permettait une lecture publique ou à voix haute. Les VII e-VIII e siècles connurent une mutation culturelle considérable marquée par l’abandon des auteurs païens, la disparition du papyrus, compensée par l’apparition du parchemin qui ouvrait la porte au codex (livre) et permettait l’usage privé de la lecture de la Bible. Le recul d’un enseignement public (crise financière) laissa place à un nouveau réseau logistique du savoir : les monastères. Les scribes s’efforcèrent alors pour conserver et diffuser le patrimoine culturel d’élaborer un outil simple et clair. Les monastères insulaires, ceux de Corbie, de Laon et de la Loire contribuèrent ainsi à l’élaboration de la caroline attestée à la chancellerie carolingienne à partir de 770 et officialisée par Charlemagne en 789 pour accompagner un vaste mouvement de réforme administrative, fiscale, militaire, liturgique, théologique et religieuse. Dans l’empire chrétien, le bon ordre de la société impliquait de bien prier et de bien administrer. Cela devait conduire à une seconde renaissance autour de l’an Mil capable de produire des savoirs originaux et renouvelés qui marquèrent l’Occident médiéval. La minuscule caroline accompagna la mutation des savoirs et leur essor.
A la fin du Moyen Age, l’écriture s’est vulgarisée. Aux côtés des écoles monastiques se sont ouvertes des écoles urbaines qui forment des gens dont le métier est d’écrire. A mi-chemin entre les copistes et les penseurs, ces lettrés sont les nouveaux intellectuels. Chroniqueurs, translateurs, vulgarisateurs, compilateurs, encyclopédistes, mais aussi légistes et comptables, greffiers et secrétaires, ils participent à la vie marchande en produisant ce bien de consommation qu’est le livre. L’ambition de cet exposé est de retracer la vie de ces hommes de lettres méconnus : leur recrutement, les tâches qui leur sont dévolues, leur train de vie, leur place dans la société du Moyen Age finissant, en particulier dans celle du comté de Boulogne.
Le Moyen Age reste pour beaucoup une période d’obscurantisme, incapable d’inventer et d’innover. Dans le domaine de l’enseignement, il semble avoir réservé ses faveurs aux seuls membres des strates supérieures d’une société fondée sur le privilège et la séparation des ordres. L’omnipotence de l’Eglise, la cléricalisation de la culture et de l’enseignement confinent les petites écoles dans les oubliettes de l’histoire. Or elles ont joué un rôle moteur dans la diffusion des savoirs. Ce bond en avant suscita méfiance, voire hostilité au début de l’époque moderne. L’apprentissage du « beau langage », l’émergence de l’académisme, le fossé qui se creusait entre le monde de la science et celui des « empiriques » marginalisa la petite école.
D. DESVIGNES : " Eduquer et instruire dans les petites écoles de l’Ancien Régime "
Destiné à immuniser les petits sujets du Roi de France contre le venin de l’« hérésie protestante », les petites écoles développent, entre les XVI e et XVIII e siècles, un programme d’éducation morale et religieuse autour de l’inculcation des civilités chrétiennes. L’apprentissage de la lecture est au cœur de cette stratégie de reconquête catholique du royaume. Toutefois, sous la pression des marchands ou des artisans, l’Eglise catholique intègre, dans son projet scolaire, le « savoir compter » et le « savoir écrire ». Censé faciliter l’insertion sociale du petit écolier, l’apprentissage de l’écriture repose sur des techniques de dressage du corps et participe ainsi à la vaste entreprise d’éducation et à la docilité des individus et de contrôle disciplinaire de la société, initiée par les pouvoirs civil et religieux de l’époque moderne.
S. DAUPHIN : " Octave Gréard, un précurseur de l’école républicaine "
Longtemps pour les historiens, Jules Ferry était le fondateur de l’école primaire en France. En réalité, la révolution pédagogique dans ses contenus et ses méthodes a déjà eu lieu sous le Second Empire. De 1866 à 1870, en collaboration étroite avec le ministre Victor Duruy et le préfet Haussmann, Octave Gréard accomplit une œuvre majeure dans le primaire, luttant pour la victoire définitive de l’enseignement simultané mettant au point en tant que responsable de l’enseignement primaire de la Seine, une nouvelle organisation pédagogique des écoles primaires en trois cycles, structurant et développant le certificat d’études. Il assure également la promotion des cours d’adultes, des écoles d’apprentissage et d’enseignement professionnel. A l’avènement de la Troisième République, son organisation et son fonctionnement de l’école servent de modèle pour réformer le nouveau régime de l’enseignement primaire sur tout le territoire national. L’œuvre pédagogique d’Octave Gréard laissera dans notre pays une trace ineffaçable.
S. LEGER & R. LESAGE : " La pratique de l’écriture intime durant la Grande Guerre :
l’exemple des soldats du Haut-Pays d’Artois "
Durant la Grande Guerre, l’échange épistolaire prend une ampleur jamais atteinte auparavant. L’écriture intime a pour support la carte postale, la lettre ou le carnet de guerre. La jeune génération qui part au front sait lire, écrire, compter ; pourtant, le corpus est hétérogène, tant dans la forme que dans le but visé, affectif ou témoignage. L’autocensure est pratiquée, et la censure de la presse, qui donne de la guerre une image parfois tronquée, parvient à être contournée grâce aux photographies. Les nombreux documents artésiens conservés permettent de dresser un panorama des préoccupations du soldat et de sa représentation de la guerre.
B. BAKOUM : " La transmission en milieu scolaire des langues anciennes "
Après avoir posé la mission ou l’ambition des langues anciennes (latin et grec) de former, au sens étymologique du terme, l’homme de culture, c’est-à-dire d’élever l’individu, en l’arrachant au diktat de l’instant (immédiat), pour lui faire atteindre et exprimer (« ex-primer ») ce qu’il a de plus beau et de plus digne, nous évoquerons l’exercice de cette mission en milieu scolaire et la validité actuelle de cette ambition malgré les difficultés et les critiques rencontrées. Dans cette présentation, espérons-nous, se résolvent en filigrane les questions de l’utilité, de l’importance et de l’opportunité de l’enseignement des Langues anciennes encore aujourd’hui.
C. TONNEL : " Traduction et interprétation : procédés d’écriture et système de prise de notes " La traduction et l’interprétation ont les mêmes objectifs : celui de contribuer à l’entente des personnes et celui de partager une culture avec une autre. L’écriture au sein de chacun de ces domaines reste cependant complexe, dans le devoir de respecter le discours d’une langue source en l’adaptant à une langue cible. L’interprète doit acquérir une certaine méthodologie dans son système de prise de notes et le traducteur doit quant à lui faire son choix parmi certains procédés de traduction, tout deux afin de transmettre le message le plus fidèle possible.